Désimperméabiliser les sols urbains (2ème partie) Abonnés
Restaurer la perméabilité des sols
La première mesure consiste à privilégier l’infiltration pluviale à la parcelle. Autrement dit, au lieu d’acheminer l’eau dans des canalisations jusqu’à des ouvrages de collecte et de traitement, il convient de la guider vers des points d’absorption disséminés localement.
La seconde étape de la réflexion doit porter sur les choix techniques de matériaux afin de rechercher des alternatives plus perméables. Illustration avec les parkings qui représentent de vastes surfaces susceptibles de favoriser l’infiltration au cœur des zones urbanisées. Traditionnellement, les parkings sont recouverts d’asphalte à travers lequel rien ne s’infiltre. A l’inverse, transformer un parking en une surface de pleine terre reviendrait à créer un champ de boue en cas de fortes précipitations. Entre ces deux alternatives, plusieurs solutions existent qui favorisent la perméabilité à des degrés divers. Ainsi, la plantation de gazon permet de stabiliser la surface du terrain a minima. Au besoin, un mélange de gazon et de gravier pourra renforcer cette stabilisation. Celle-ci peut être améliorée encore avec la pose de dalles ajourées (en plastique ou en béton) qui laissent pousser le gazon tout en maintenant la terre en place. Enfin, les collectivités qui souhaitent conserver un aspect minéral à leurs parkings pourront employer des revêtements poreux tels que des surfaces empierrées, des bétons, et même certains asphaltes perméables.
Développer la micro-végétalisation
Au-delà des grands projets, qui permettent de perméabiliser des surfaces importantes, il convient de multiplier les petits points d’infiltration. Comme à Rennes, la plupart des métropoles a choisi de développer la végétalisation en pied d’arbre. Il s’agit de ne plus entourer les arbres de grilles en fonte mais de laisser pousser la végétation spontanée. Comme celle-ci se développe sous la canopée, elle est protégée du soleil, ce qui limite les arrosages. Cette configuration contribue également à maintenir la fraîcheur des sols. Strasbourg applique la même démarche aux terre-pleins centraux en proposant également aux habitants de les végétaliser dans le cadre d’une convention.
Une autre solution consiste à retirer l’asphalte en pieds de murs pour laisser la végétation s’y développer ou pour inciter les habitants à y faire leurs plantations (de fleurs par exemple). Même étroites, ces surfaces contribuent à limiter le stockage des calories au niveau du sol. En outre, elles ont l’avantage de ne pas demander d’entretien et de couper court aux plaintes de certains riverains mécontents de la présence de mauvaises herbes en bordure des voiries depuis l’interdiction des pesticides.
Développer les plantations d’arbres de haute tige
La métropole de Lyon s’est dotée d’un plan d’installation de 100 000 arbres supplémentaires sur son territoire. Cette mesure s’inscrit dans le long terme puisque les arbres sont de taille intermédiaire avec la perspective de leur assurer une croissance durable. D’une part, cette action favorise la perméabilisation des sols, notamment dans des zones particulièrement urbanisées comme Vaulx-en-Velin, choisie prioritairement. D’autre part, elle développe une couverture au-dessus du sol dont l’efficacité augmente chaque année à mesure que la canopée s’élargit. En outre, grâce à l’évapotranspiration, l’ombre apportée par les arbres donne une sensation de fraîcheur que n’offrent pas les pare-soleils artificiels comme les auvents. Cependant, le succès à long terme de cette politique implique de porter une attention particulière à la qualité des sols : choisir des espèces d’arbres dont le système racinaire sera compatible avec l’espace disponible, s’assurer de la fertilité du substrat. Lorsque celle-ci est suffisante, il devient possible d’implanter des arbres là où toute autre forme de végétalisation serait trop coûteuse ou complexe. Par exemple, dans le cas d’un parking existant, sans engager de lourds travaux de réfection, le percement de quelques points pour y déposer un sol de qualité puis y planter des arbres permettra d’en faire un équipement urbain partiellement perméable et ombragé.
Jean-Philippe ARROUET le 23 juillet 2020 - n°1153 de La Lettre de l'Environnement Local
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